Un capitaine de quinze ans by Jules Verne

Un capitaine de quinze ans by Jules Verne

Auteur:Jules Verne [Verne, Jules]
La langue: fra
Format: epub, mobi
Tags: Aventures
Éditeur: Ebooks libres et gratuits
Publié: 2010-06-15T04:00:00+00:00


II – Harris et Negoro

Le lendemain du jour où Dick Sand et ses compagnons avaient établi leur dernière halte dans la forêt, deux hommes se rencontraient à trois milles de là, ainsi qu’il avait été préalablement convenu entre eux.

Ces deux hommes étaient Harris et Negoro, et l’on va voir à quoi se réduisait la part du hasard qui avait mis en présence sur le littoral de l’Angola le Portugais venu de Nouvelle-Zélande et l’Américain que son métier de traitant obligeait à parcourir souvent cette province de l’Ouest-Afrique.

Harris et Negoro s’étaient assis au pied d’un énorme banian, sur la berge d’un ruisseau torrentueux, qui coulait entre une double haie de papyrus.

La conversation commençait, car le Portugais et l’Américain venaient de se rejoindre à l’instant, et tout d’abord elle avait porté sur les faits qui s’étaient accomplis pendant ces dernières heures.

« Ainsi, Harris, dit Negoro, tu n’as pas pu entraîner plus loin dans l’Angola la petite troupe du capitaine Sand, comme ils appellent ce novice de quinze ans ?

– Non, camarade, répondit Harris, et il est même étonnant que je sois parvenu à l’amener à cent milles, au moins, de la côte. Depuis plusieurs jours, mon jeune ami Dick Sand me regardait d’un œil inquiet, ses soupçons se changeaient peu à peu en certitudes, et ma foi…

– Cent milles encore, Harris, et ces gens-là eussent été plus sûrement encore dans notre main ! Il ne faut pourtant pas qu’ils nous échappent !

– Eh ! comment le pourraient-ils ? répondit Harris qui haussa les épaules. Je te le répète, Negoro, il n’était que temps de leur fausser compagnie ! J’ai lu dix fois dans ses yeux que mon jeune ami était tenté de m’envoyer une balle en pleine poitrine, et j’ai un trop mauvais estomac pour digérer ces pruneaux de douze à la livre !

– Bon ! fit Negoro. J’ai, moi aussi, un compte à régler avec ce novice…

– Et tu le régleras à ton aise avec les intérêts, camarade. Quant à moi, pendant les premiers jours de marche, je suis bien parvenu à lui faire prendre cette province pour le désert d’Atacama que j’ai visité autrefois ; mais le moutard qui réclamait ses caoutchoucs et ses oiseaux-mouches, mais la mère qui demandait ses quinquinas, mais le cousin qui s’entêtait à trouver des cocuyos !… Ma foi, j’étais à bout d’imagination, et, après leur avoir fait avaler à grand-peine des autruches pour des girafes… une trouvaille, cela, Negoro ! – je ne savais plus qu’inventer ! D’ailleurs je voyais bien que mon jeune ami n’acceptait plus mes explications ! Puis, nous sommes tombés sur des traces d’éléphants ! Puis, les hippopotames se sont mis de la partie ! Et tu sais, Negoro, des hippopotames et des éléphants en Amérique, c’est comme des honnêtes gens aux pénitentiaires de Benguela ! Enfin, pour m’achever, voilà le vieux noir qui s’avise de dénicher au pied d’un arbre des fourches et des chaînes dont quelques esclaves s’étaient débarrassés pour fuir ! Au même moment rugit le lion,



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